Le sommeil de début de nuit, sommeil lent, permet la récupération physique, le sommeil de fin de nuit, sommeil paradoxal, permet la structuration mentale. Si on se lève trop tôt par rapport à ce sommeil paradoxal, on n'assimile pas les connaissances. De même les mamans qui allaitent et donc se réveillent dans la nuit n'ont pas de plages de sommeil assez longues pour parvenir à cette deuxième phase, et sont fragilisées d'un point de vue psychologique, d'où le baby-blues, qui est une réaction physiologique normale. Dixit la dame, bien sûr, mais son discours est tout de même plus tranquillisant que d'autres, et vaut peut-être la peine d'être entendu. (Moi je n'ai jamais allaité, je n'ai pas eu de baby-blues, mais cela s'explique peut-être par le fait que je n'ai pas d'enfant;-)

Et il n'est pas étonnant qu'à 8 heures nous ne soyons pas réveillés, ni moi ni les élèves, si notre sommeil a été amputé, le cerveau tourne encore au ralenti. Il est donc déconseillé de prévoir des activités intellectuelles intenses, évaluation ou notion nouvelle, à ce moment-là.

Toujours le matin, si nous sommes de gros dormeurs mal réveillés, nous n'avons pas encore eu faim parfois donc nous n'avons pas mangé, ou peu, or quand on a faim on apprend moins bien. (Et moi ce matin-là je n'avais pas déjeuné, levée trop tard, et mon estomac vide bouchait mes oreilles, par un processus étrange mais scientifiquement établi paraît-il !)

Après, on est allé manger (enfin !!!) et l'après-midi, conflit de calendrier, j'étais convoquée pour un autre stage ailleurs. Il a dû être question de sécurité affective, de confiance en soi et d'outils pour apprendre.

Aujourd'hui, suite et fin : fonctionnement de la mémoire.

Entre l'information donnée par le professeur ou le manuel ou toute autre source, et la mémoire à long terme, dont la capacité est immense et a priori stable, on rencontre la mémoire sensorielle (ou tout simplement l'effet de l'info sur les récepteurs sensoriels : vibration dans l'oreille par exemple) puis la mémoire à court terme, qui comme son nom l'indique se vide au bout d'un certain temps. Ce qui permet de passer de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme c'est le sens que l'on donne à l'information (le fait de lui donner du sens) et sa structuration (il faut l'organiser, la raccrocher à d'autres choses connues déjà ancrées dans la mémoire à long terme).

D'autre part la mémoire à court terme comprend aussi une mémoire de travail dans laquelle se stockent les informations nécessaires au travail en cours, informations que l'on va chercher dans la mémoire à long terme, et qu'il faut régulièrement réactiver, sous peine de ne plus savoir ce qu'on est en train de faire ni pourquoi et comment on le fait. Cette chose-là se fait automatiquement, spontanément, chez les élèves qui réussissent ; les autres il faut les y aider, et faire en sorte de réalimenter cette mémoire de travail toutes les dix minutes environ.

Ce qui nous amène à la conclusion qu'une séance de cours efficace doit commencer par une pause (pour se rendre disponible, mais je n'ai pas assisté à l'explication scientifique du pourquoi de la pause) puis une explicitation des objectifs (pour donner du sens) et un rappel de la progression (pour structurer), ensuite le cours doit faire des rappels fréquents tant aux cours précédents qu'aux autres domaines (autres disciplines notamment), puis se terminer par un bilan.

C'est marrant, j'avais déjà entendu tout cela quelque part...

En bref : intéressant pour les apports théoriques, mais difficile d'en tirer vraiment quelque chose de neuf pour nos pratiques d'enseignants. Cela permet surtout de conforter ce que nous faisons empiriquement dans nos meilleurs jours... et de nous inciter à systématiser davantage certaines choses. Nous avons eu aussi quelques idées pour travailler de manière transversale sur les méthodes, pour que nos élèves fassent le lien entre l'analyse de document en sciences humaines ou pas, en langues ou en français (car le français n'est pas une langue ? bizarre bizarre…), en arts plastiques etc, par exemple, ou pour la dissertation : travailler cela la même semaine, explicitement, au lieu de faire chacun sa méthodo dans son coin, et demander aux élèves de repérer la démarche commune et les spécificités de chaque discipline. Cela n'a rien de révolutionnaire, mais c'est une piste. Il paraît que nos élèves ont besoin d'outils conscients. Une idée parmi d'autres, à suivre...