Sale bête
amazone jeu 3 avr 2008, 17:00 Arthurine rime et rature et c'est beau (enfin, pas toujours)
Je ne sais pas où il est, je ne sais pas qui a eu cette brillante idée ni qui a pris la photo, mais si je savais où le trouver, j’y courrais derechef.
J'en ai toujours rêvé, mais jamais je n'aurais pensé que quelqu'un en vienne à bout. Il fallait être un génie pour y penser ! Tout ça parce que tu n'as pas eu l'idée toi-même, persiflent les yeux du chat témoin de mes circonvolutions. Je ne tiens pas en place, je tourne en rond depuis que j'ai vu, entrevu seulement cette maudite photo, irréfutable preuve de l'intelligence de – certains de – mes congénères. C'est Patricia qui me l'a montrée : on y voit un grand hangar sur le toit duquel... non, je n'ose même pas en parler, c'est trop extraordinaire, et puis trop dérangeant. Sait-on jamais qui lira ces lignes ? – quand le chat me regarde avec cet œil perçant, il m'arrive de me demander s'il n'en serait pas capable... mais non, ce n'est pas possible, j'en deviens parano !
La photo est vue du ciel, et c'est ce qui me perturbe. C'est normalement le genre de domaine hyper protégé, secret défense et raison d'État... Je ne vois pas comment un avion non autorisé aurait pu s'en approcher sans être repéré, ni comment on a pu laisser filtrer cette image révolutionnaire jusqu'à cette journaliste ! Charmante, certes, mais journaliste ! Je n'ai pas choisi au hasard, je comptais sur ses tuyaux, me voilà servi !
Servi, et frustré. Parce que devant mon intérêt subit, que je n'ai pu dissimuler – et le chat de ricaner derrière ses paupières railleuses –, Patricia, très pro, a rangé la photo et délibérément détourné la conversation. Impossible d'y revenir, même indirectement. Depuis elle me voit venir de loin, son regard se ferme et je n'arrive plus à lui parler.
Je crains d'ailleurs que cette histoire ne lui ait ouvert les yeux sur mon intérêt pour elle. Le problème, c'est que je commence à m'y attacher... Si je perds Patricia, que me restera-t-il ? – Nargue-moi, sale bête, comme si tu n'avais jamais couru après les minettes ! Tu te crois séduisant, peut-être, quand tu lisses et pourlèches tes moustaches ? – Je ne le supporte plus, celui-là. Depuis que leur don télépathique a été mis au jour, ces bestioles ne se gênent plus. Et toi, Grobis aux yeux bigleux, tu te crois vraiment tout permis ! Il faut vraiment que je trouve le moyen de revoir cette photo, le moindre petit indice me fera patienter... en attendant de trouver mon alter ego... l'homme qui a mis au point le brouillage anti-chats !
Commentaire
Je n'avais pas eu le temps de faire le tour des dernières contributions aux sabliers et je pense que je continuera ce week end. J'aime beaucoup ton billet: toujours très bien écrit et au fil du suspense, le "dialogue" avec le chat...ça donne une dynamique sautillante, légère... Dommage que ce soit le dernier...Merci d'avoir contribuer à le faire vivre! Bon repos ;-) (j'en ai aussi besoin après ces 10 jours)