Ils disent : « plus on devient vieux, plus le temps s'accélère. »

Mais jeune encore je vois le temps. Le temps s'enroule et se déroule au fil des heures longues.

À l'aube de l'été les jours s'étendent, plage incommensurable dont les grains innombrables vont pourtant s'écouler : sablier des saisons.

L'instant trop bref, mais dont le frémissement chatouille encore un duvet effleuré, au creux d'un coude ou d'une nuque, la seconde éternelle où le temps se suspend et vibre le présent.

Les soirées de juillet s'étirent et celles d'août, précieuses, sous la treille.

Et les lents siècles de l'attente lorsqu'aux horloges la trotteuse se repose, au pas, béquille tic claudicant tac d'un vieillard tic aux pas comptés. Tac. Ton cœur court et s'affole.

Août est le mois qui file sans en avoir l'air, quand mai se pose à peine ; quant à septembre, ses premiers soirs, extensibles et frénétiques, semblent courir après l'été qui se défile.

Si l'existence est broderie sur un canevas au dessin incertain,
quelle adroite tisseuse saura sans faire tapisserie y inscrire le chiffre des volutes du temps ?