extrait de Je ne t'aime toujours pas, Paulus d'Agnès Desarthe.

C'est une ado qui parle, et elle vient de découvrir Baudelaire :

Comment Baudelaire faisait-il pour savoir ce qu'il y avait à l'intérieur de ma tête ? (...) Il y avait du pourri et de la nuit et de la pluie partout.

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, 
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir, 
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, 
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Ça balançait, comme une chanson, et c'était tellement sombre que ça faisait du bien. En lisant ces vers, j'avais l'impression d'aller chercher mon coeur dans ma poitrine et de l'essorer comme une serpillière. La seule différence entre Baudelaire et moi, finalement, c'était que mes métaphores étaient moins stylées que les siennes.