qui élabore, avec un air tout à fait approprié, des stratégies diaboliques : ses yeux roulent, de la table où s'étalent les briquettes à son petit pupitre qu'elle défend jalousement d'un éventuel espionnage industriel, en passant par ses partenaires de jeu, devenus le temps d'une partie ennemis à abattre...

D'après Maman, tout ce qu'il y a de diabolique dans son jeu, c'est sa manière de réfléchir à haute voix, ou plutôt de vous informer qu'elle réfléchit (pas question de divulguer le secret d'importantes manoeuvres stratégiques !) de la manière la plus assommante qui soit : quand elle joue, vous, vous ne jouez pas, votre cerveau est engourdi, paralysé par cette logorrhée diabolique... vous survivez. Vos paupières sont lourdes et il vous tarde l'heure du coucher ; elle, enhardie par votre faiblesse, elle gagne. La perfide...

Mais non, ce n'est pas de cela que je voulais parler aujourd'hui. Il s'agit de la date du jour : l'avez-vous vue ? Elle est... diabolique, non ?

Doudounet, qui m'a ramenée ce matin dans mes pénates, en a parlé à son chat : 666, le chiffre de la Bêêête... hein mon Touille ? Le chat Touille l'a regardé, a miaulé sauvagement, puis s'est remis à scruter la route de son regard de bête féroce, fixant farouchement l'horizon en quête de nouvelles aventures sataniques...